Le statut socio-économique d’un individu exerce une influence indirecte: les accidents de la route et les accidents domestiques sont plus fréquents chez les personnes dont le niveau d’éducation et le salaire sont plus faibles. En matière de sport, c’est l’inverse
La prévention des accidents au petit bonheur la chance ne fonctionne que rarement. Afin de protéger le plus grand nombre de personnes possible, il est nécessaire de tenir compte de tous les facteurs susceptibles d’augmenter le risque d’accidents. L’un de ces facteurs est le statut socio-économique des différents groupes de population. Le niveau d’éducation, la hauteur du salaire et du patrimoine ou encore le lieu de vie (quartier privilégié ou non) sont décisifs pour déterminer le risque d’accident. Le Bureau de prévention des accidents (BPA) a enquêté sur cet aspect de la diversité socio-économique.
Des routes plus sûres pour tous
En matière d’accidents de la route, des différences socio-économiques ont pu être démontrées dans plusieurs pays, dont la Suisse. Selon les statistiques, les individus moins bien lotis financièrement sont plus souvent victimes d’accidents lorsqu’ils se déplacent à pied, à moto ou à mobylette. Ces différences concernent plus fortement les hommes que les femmes, et davantage les jeunes gens que les plus âgés. Pour les trajets scolaires notamment, les statistiques illustrent une tendance claire: plus le statut socio-économique est élevé, plus la sécurité des enfants l’est également.
Une bonne prévention consiste à créer des conditions plus sûres pour le plus grand nombre de personnes possible. Les routes devraient être construites de telle sorte que les erreurs humaines n’entraînent pas directement des accidents, et ce dans toutes les régions et tous les quartiers. Les limites de vitesse et les mesures de modération du trafic doivent également bénéficier à tous. Les trajets scolaires doivent satisfaire en tous lieux aux normes de sécurité les plus élevées.
Outre la création de conditions plus sûres, le BPA travaille sur des recommandations de comportement et des campagnes de sensibilisation. Pour que de telles recommandations soient respectées par tous, le BPA s’appuie de plus en plus sur des vidéos plutôt que sur des brochures.
Inégaux face aux dangers domestiques
Les enfants issus de familles moins privilégiées encourent non seulement de plus grands risques sur le trajet scolaire, mais également chez eux. Des analyses scientifiques internationales démontrent un risque nettement plus élevé d’intoxication (p. ex. médicaments). D’autres études révèlent un risque plus élevé de brûlures et de chutes d’une certaine hauteur. Les raisons de ces risques n’ont pas été suffisamment étudiées. L’explication la plus probable est que les parents de classes sociales inférieures ont moins la possibilité de garder leurs enfants.
La prévention repose particulièrement sur des mesures techniques: le marché propose une multitude de dispositifs de sécurité permettant aux parents de se protéger eux-mêmes ainsi que leurs enfants. Cependant, tant que ces produits feront seulement l’objet de campagnes publicitaires et que leur acquisition impliquera l’initiative individuelle des ménages et leur propre argent (p. ex. une grille de protection pour la cuisinière), tout le monde n’en bénéficiera pas. Il est bien plus prometteur de transmettre des directives claires aux fabricants en matière de prévention des dangers. Sous mandat du Secrétariat d’État à l’économie (SECO), le BPA participe à des contrôles de sécurité sur des produits ménagers, de loisirs et de sport.
Bons coachs, bon équipement
En ce qui concerne les accidents sportifs, les individus disposant de meilleurs moyens financiers seraient statistiquement plus à risque. Ceci est probablement dû au fait qu’ils font plus souvent du sport. Dans de nombreuses disciplines sportives, un acteur central a pour rôle de prévenir les accidents: l’instructeur. Les sportifs sont ainsi informés des comportements sûrs à adopter et sont constamment rappelés ou même obligés de s’y conformer. Le BPA collabore avec des associations sportives et d’autres institutions afin de transmettre aux instructeurs les connaissances nécessaires.
Selon la discipline sportive, les équipements de protection jouent également un rôle important. Il convient d’évaluer minutieusement la meilleure façon de persuader le plus grand nombre de sportifs de porter ce type d’équipement. Avec une simple recommandation, les sportifs disposant d’une plus grande marge de manœuvre financière se protègeront mieux que les autres. Une obligation comporterait le risque que les personnes au statut socio-économique inférieur évitent la discipline sportive concernée en raison des coûts trop élevés. Une distribution gratuite ou un prêt d’équipements de protection pourrait y remédier.
Il est également possible de promouvoir les disciplines sportives n’impliquant pas de coûts supplémentaires élevés pour l’équipement de protection.
Pour ces raisons, la diversité constitue un facteur important dans la planification de la mise en œuvre de nos mesures.
Plus d’infos et de nombreux conseils pour la sécurité sur: bfu.ch